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Se regarder

Ion Fet QRawWgV6gmo Unsplash

Début d’été. Le soleil qui peine à se faire une place. Et un moment si particulier à vivre. Malgré tout, ce dimanche, l’envie de partir avec vous à la recherche du regard. Le mien, le tien, le vôtre, le nôtre. Envie de se demander si nous n’irions pas collectivement mieux uniquement en changeant de regard.

Le regard, acte si quotidien, si anodin et pourtant si puissant, joue un rôle crucial dans notre manière d’interagir avec le monde. Il est la première porte d’entrée vers la compréhension de l’autre, vers l’émerveillement devant la beauté du monde, mais aussi vers la réflexion et la remise en question de nos propres certitudes. « Je suis responsable de l’autre dans le surgissement de son visage » et donc aussi de son regard, écrit Lévinas.

Dans une société où l’image est omniprésente et souvent superficielle, le regard véritable se fait rare. Sur les autres. Mais aussi sur le monde qui nous entour. Voir ne signifie pas seulement regarder, mais observer, ressentir et comprendre. Il s’agit de prêter attention aux détails, aux nuances, à ce qui échappe au premier coup d’œil. C’est dans cette profondeur que réside la véritable richesse du regard.

Marcel Proust dans À la recherche du temps perdu, écrit : « Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. » Cette citation résonne avec une force particulière dans notre contexte contemporain. Elle nous rappelle que l’acte de voir va bien au-delà de la simple perception visuelle; il s’agit d’une ouverture à l’altérité, à la richesse de la diversité humaine et culturelle.

Chez Ernest Mag, nous croyons que le regard est une invitation à la découverte. C’est un appel à s’ouvrir aux autres, à leurs histoires, à leurs vécus. Chaque rencontre, chaque lecture, chaque moment passé à contempler une œuvre d’art, à s’immerger dans un paysage ou à échanger avec autrui, enrichit notre perception et nous pousse à évoluer.

John Berger, dans son œuvre Ways of Seeing, nous a également enseigné que notre regard est façonné par notre éducation, notre culture et nos expériences personnelles. Il écrit : « La façon dont nous voyons les choses est affectée par ce que nous savons ou ce que nous croyons. » Cette perspective nous invite à une introspection sur nos propres biais et à une remise en question de nos perceptions préconçues.

Cependant, ce regard doit être cultivé. Il ne suffit pas de simplement ouvrir les yeux, il faut également ouvrir son esprit et son cœur. Apprendre à regarder avec bienveillance, avec curiosité, avec un désir sincère de comprendre. Car c’est dans cette démarche que nous trouvons les clés de la véritable connexion humaine. Peut-être que c’est cette ouverture que nous n’avons pas su cultiver.

Aujourd’hui plus que jamais, dans un monde fragmenté et souvent polarisé, nous avons besoin de ce regard empathique et généreux. Il est temps de redécouvrir la valeur de l’observation attentive, de se laisser surprendre par la beauté des petites choses, de percevoir la lumière dans l’obscurité.

Cela pour parvenir à « se sauver sans se fuir ». A sortir des ronces, tout en ne fuyant pas le réel. En nous confrontant à nos propres regards, à nos propres peurs et à nos propres espoirs, nous apprenons à nous comprendre sans nous échapper.  André Gide : « On ne découvre pas de terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d’abord et longtemps, tout rivage. » Se sauver sans se fuir, c’est accepter de se regarder soi-même avec honnêteté et compassion, sans céder à la tentation de l’évasion facile.

Dans le contexte actuel, où la France traverse une période d’incertitude et de bouleversements, il est crucial de se regarder à nouveau, de redécouvrir la richesse de nos diversités et de renforcer notre cohésion sociale. L’actualité nous met face à des défis, qu’ils soient économiques, sociaux ou environnementaux. Face à ces épreuves, il est tentant de détourner le regard, de se refermer sur soi-même. Pourtant, c’est précisément dans ces moments que nous devons réapprendre à nous regarder, à comprendre nos peurs, à valoriser nos forces et à avancer ensemble.

Ernest Mag s’engage à continuer de vous offrir des contenus qui nourrissent ce regard, qui suscitent la réflexion et l’émerveillement. Nous espérons que, grâce à nos articles, nos interviews et nos reportages, vous trouverez des sources d’inspiration pour enrichir votre vision du monde.
En cultivant ce regard, nous construisons ensemble une communauté plus humaine, plus consciente et plus solidaire. C’est un chemin que nous avons choisi de parcourir avec vous, et nous vous remercions de nous accompagner dans cette aventure.

Regardons ensemble, avec profondeur et sincérité, le monde qui nous entoure. Car c’est en prenant le temps de bien voir que nous apprendrons à mieux comprendre et à nous sauver sans jamais nous fuir.

Bon dimanche,

L’édito paraît le dimanche dans l’Ernestine, notre lettre inspirante (inscrivez-vous c’est gratuit) et le lundi sur le site (abonnez-vous pour soutenir notre démarche)
 
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